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raphaël B.
31 juillet 2013

[illus] La malédiction de la pierre de lune

Comme mes derniers posts ne le montrent pas, je dessine beaucoup en ce moment - essentiellement de la commande. (obligé de mettre mon album en stand-by pour l'été)

Je dessine une nouvelle série chez Gulfstream, des romans jeunesse historico-fantastiques signés une fois de plus Catherine Cuenca. Une malédiction, un spectre zombie, le diable qui rôde...Et le choix assumé d'une mise en couleur un peu over the top.

 

T1-NB

 

T1-couleurs-def

 

 

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23 juillet 2013

[FILM] Pacific Rim - SPOILERS !

Moi aussi, je peux être un Odieux Connard.

 

Préambule

- Bonjour une entrée pour Pacific Rim s'il vous plait.

- Attention, c'est en VOST et en 3D – ça ira quand même ?

- Euh...Oui...

- Vous désirez une boisson ? Quelque chose à manger peut-être ?

- Non, non, merci... 

- Alors ça fera 12,40 euros !

- Je...hein ? Mais non, j'ai déjà mes lunettes 3D, regardez... 

- Ce n'est pas ça : pour les séances en 3D, il y a un supplément de 2 euros.

- Humpf..argh...je...bon, tenez...

 

12,40 euros. Les enfoirés.

 

Les lumières s'éteignent, c'est parti. Les premières minutes sont prometteuses. Mecha design fabuleux, décors soignés, cadrages précis, action fluide : un espoir fou s'empare de moi. Je me dis qu'enfin, enfin ! On tient peut-être notre film de robot géant. Le héros apparaît, les premières vannent fusent entre les persos : elles sont moisies. Pas de quoi s'alarmer : je n'ai jamais trouvé Del Toro drôle, il n'y a pas de raison pour que cela change aujourd'hui.

L'intro se déroule tambour battant, le grand frère meurt comme on s'y attendait, le titre s'affiche en grosses lettres badass et tout de suite une question non dénuée d'angoisse se profile : qu'est-ce que le réalisateur va pouvoir nous raconter d'intéressant, maintenant ? (Spoiler alert : rien.)

Cinq ans plus tard, nous retrouvons notre héros en mauvais point - il porte une barbe de trois jours et fait un métier manuel : c'est pour vous dire à quel point il est mal. Cette superbe montagne de muscle au coeur sensible est tout simpement brisée par le chagrin et la culpabilité. C'est bien légitime. Soudain, à la surprise générale, son ex-major débarque pour lui proposer de redevenir pilote et redonner un sens à sa vie (mais pas au film hélas). 

Raleigh (c'est le nom du héros) hésite un peu, il pèse le pour et le contre, suspense, suspense... Il joue avec nos nerfs, le bougre ! Puis d'un coup, sans même négocier un petit ticket resto, il dit oui. Ouf ! On se demandait vraiment s'il allait accepter...

Notre Stringer Bell moustachu l’emmène alors dans sa base secrète monumentale construite bénévolement. L'intérêt scénaristique du comment un truc aussi fou a pu être construit en moins de 5 ans a visiblement échappé à Travis Beacham. Ou alors c'est peut-être juste qu'il n'a pas du tout envisagé la question, allez savoir. En même temps c'est l'homme qui a écrit le remake du Choc des titans, qu'est-ce que vous espériez ?

 On découvre en tout cas la base, les robots et les premiers pilotes dans une séquence enthousiasmante. On en prend plein la gueule : les robots sont vraiment cools avec chacun leur spécialité, les pilotes chinois et russes ont un charisme de fou, malgré ce double cliché à hurler : russe = marteau/enclume, chinois = tous pareils-disciplinés. On se revoit en tout cas dans nos bons vieux shoot'em up 16-bits, bloqués sur le select screen « choose your character». L'éternel dilemme du joueur...Le chara design des pilotes est très poseur : il y a sur tout ceci un vent de manga qui souffle. Va-t-on assister à un croisement entre Top Gun et Evangelion ? On espère à nouveau...

Et puis patrata 1 : voici la fille, l'incontournable asiatique sexy / coupée au carré / qui connaît les arts martiaux. Dans les années 80 on devait se taper le noir rigolo de service. Aujourd'hui, on doit subir ce nouveau poncif pas racoleur du tout. Le héros va l'emballer, c'est obligé... Ça sent la scène de cul nulle façon Topper Harley, ou alors le bisou final kitschouille après les épreuves (dont les survivants sortent grandis).

Patatra 2 : voici le rival du héros. Blond comme lui, fort comme lui, con comme lui. Petite devinette : sur les trois équipages de pilotes, deux sont vraiment réussis et charismatiques, un est insupportable et outrancier. Saurez-vous trouver lequel devra-t-on se taper jusqu'à la fin ? Attention, il y a un piège... Bon, on se doute qu'avec toute cette testostérone dans l'air, le héros et son arrogant rival vont fatalement en venir aux poings. Mais soyons certains que cette relation de haine farouche évoluera vers un respect mutuel et viril, grâce à un évènement pas du tout cliché du style "le héros sauve la vie de son rival."

At last but note least, le patatra 3 : voici que débarquent les diablotins farceurs, les joyeux pitres de laboratoire, les deux mega clichés scientifiques excentriques géniaux. Holala qu'ils sont décalés ces deux-là, je sens qu'on va bien s'amuser en leur compagnie. En fait pas du tout : ils sont insupportables et on les déteste quasiment tout de suite. Pour vous situer les choses, ils sont à peu près au même niveau que les deux petits robots jumeaux de Transformers 2. Ceux qui l'ont vu apprécieront. En tout cas, le spectateur n'a qu'une seule envie : les voir crever le plus rapidement possible. C'est donc tout naturellement qu'ils survivront jusqu'à la fin du film, avec le bilan d'une blague marrante sur une cinquantaine d'autres navrantes (c'est la blague du vomi dans les chiottes miraculeusement rescapées). 

Aparté vestimentaire : je ne sais pas vous, mais j'en ai vraiment marre de voir ces scientifiques de film d'action fringués comme des petits hypsters au top de la tendance. Ceux que je connais, les vrais, genre ceux qui bossent au LHC sur l'essence même de la création, ce sont des individus qui s'habillent chez Quechua, qui font de l'escalade le mardi soir et qui trouvent The big bang theory « bien fun ».

Où en étais-je ? Ah, oui...

Bon, alors un peu de technique maintenant : deux pilotes sont nécessaires pour piloter un gros robot, chacun représentant un hémisphère de son « cerveau ». Le psychisme des pilotes doit donc être en phase, plus ou moins synchronisé via un accès mutuel aux souvenirs de l'autre. C'est pourquoi les équipages sont du types frères-frères, père-fils, christine boutin-son mari slash cousin...Dommage que cette plutôt bonne idée de fusion des cerveaux ne soit exploitée que pour créer des espèces de faux enjeux lourdingues autour des blessures secrètes des héros qui doivent aller mieux dans leur tête sinon le robot bugue. Mais bon, il parait que ça donne "de la profondeur" aux personnages. MOUAIS.

Mais attendez, que se passe-t-il ? Un kaiju apparaît ! Cool, de la bagarre. Sortez les pop-corns, parce que là, pour le coup, Del Toro sait vraiment, vraiment y faire. Les gestes sont précis et stylés, les destructions dantesques, c'est un pur régal. Le robot sort ses fusées de coude, il tabasse les monstres à coup de bateau cargo... franchement : c'est hyper cool. La 3D colle remarquablement à la façon de filmer : l'ensemble se hisse aux côtés d'Avatar en référence du genre. Et Michael Bay se fait ridiculiser sur son propre terrain, ce qui fait toujours plaisir.

Mais tout ceci était trop beau pour durer : les deux équipes les plus stylées se font éliminer. Si vous avez bien fait le compte, il ne reste donc plus que ces personnages de qualité : le héros sans charisme, sa copine cliché, son rival idiot  ( et son papa chiant), ainsi que le major qui fronce les sourcils car il porte un terrible secret.

Le film entre alors dans une partie très intéressante dans laquelle :

  • le héros et son rival en viennent aux poings, mais le héros sauve la vie au rival et du coup ça va mieux. Ce qu'on attendait depuis le début.

  • on pénètre les souvenirs d'enfance de l'asisatique sexy parce qu'elle est dans les limbes, pardon, je voulais dire : dans la « dérive ». (c'est la même chose). Ce dont on se fout plus ou moins.

 

Au cours de cette séquence métaphorique laborieuse et aux limites de la parodie, bien qu'esthétiquement superbe, on découvre que le major colonel fut jadis un pilote de robot, et qu'il sauva l'asiatique sexy qui n'était qu'une enfant effrayée. J'ai dit « parodie », on va encore me dire que j'exagère... Très bien, allonzy allonzo : la petite japonaise court dans les rues d'une grande ville attaquée par un kaiju. Bon déjà, elle est complètement seule dans les rues, tous les habitants de la mégalopole se sont volatilisés : j'imagine que c'est le 15 août, les japonais sont à la plage...Ou alors c'est du symbolisme primaire ? Enfant toute seule = danger...Mouais...En tout cas, elle court, elle a l'air assez effrayée. On peut la comprendre : un gros monstre de deux cents mètres de haut est en train de la poursuivre. Ses intentions ne sont pas totalement claires, mais semblent résolument hostiles. La petite a perdu son petit soulier vernis rouge dans l'affaire, cela ne l'empêche pas de courir plus vite que la gigantesque face de raie derrière elle. Cela ne l'empêche pas non plus de garder une peau lisse et fraîche, ainsi qu'un brushing parfaitement en place. Là, je vais me fâcher si quelqu'un vient me parler de film post 11 septembre : j'aurais juré qu'il y avait alors un peu plus de poussière. Que c'était même un des éléments visuels très forts du moment. Que ça aurait été bien d'en mettre un petit peu sur le personnage...En tout cas, la petite toute proprette réussit à distancer le monstre grâce à un stratagème habile : elle s'engouffre dans une allée trop étroite pour lui ! Ah ah, bien fait pour lui ! Il n'arrive pas à l'attraper, lui qu'on a vu plus tôt défoncer tranquillement un mur défensif de 500 mètres de large. Il s'énerve, le spectateur aussi... Puis quand tout espoir semble perdu, voilà un gros robot qui arrive et qui rouste ce pedobear géant. Et qui donc pilote le robot : le major colonel.

Retour au présent. On a déjà vu le major colonel saigner du nez deux fois : tout le monde a donc compris qu'il ne sera pas dans Pacific Rim 2... Et maintenant on apprend aussi qu'il était pilote ? Alors attendez, laissez-moi deviner...le major va probablement finir sa belle carrière sur un sacrifice héroïque aux commandes d'un gros robot, probablement en se faisant exploser pour protéger ses amis. Après tout, on a n'a jamais vu ça. Non, vraiment, jamais. Mais alors, jamais jamais jamais

 

C'est long, hein ? Figurez-vous que dans la salle, c'était pire. Et encore, je ne vous parle pas du personnage de Ron Perlmann...Le pauvre a le droit à la dernière réplique post-générique, une blague terriblement pathétique qui fera peut-être un peu rire ma grand-mère parce qu'elle est bon public.

 

Je vous rassure : ça va aller plus vite pour résumer la fin, puisque c'est exactement la même que Independance Day. Un des scientifiques entre en télépathie avec les extra-terrestres, et perce leur terrible secret : ils sont venus pour nous anéantir ! Je ne sais pas vous, mais moi ça m'a énormément surpris...Heureusement, il y a une tactique pour s'en sortir. Les humains doivent utiliser un monstre ennemi pour entrer incognito chez les extra-terrestres et leur larguer une grosse bombe qui les exterminera. Souvenez-vous : dans ID4, le président entrait en télépathie avec les aliens (qui étaient à la surpise générale aussi venus pour nous exterminer), et les humains allaient larguer une grosse bombe en pilotant un vaisseau ennemi. Voilà, voilà...

 

Oh, j'en profite d'ailleurs pour passer un appel à candidature : est-ce quelqu'un pourrait m'expliquer le passage où le scientifique parle des dinosaures ? Je n'y ai strictement rien compris.

 

La séquence finale se met ensuite en place avec tous les pires poncifs imaginables : ce sont d'abord les adieux émus des personnages qui ont lu le script et qui savent qu'ils ne reviendront pas. Puis le discours viril mais tendre du major à ses hommes, qui commence par « today » et qui est suivi par des tas de mots du type « freedom », « fight » collés les uns aux autres sans aucun sens. Un beau moment seulement vu dans très peu de films. Quelque chose d'original, quoi : de l'émotion brute.

 

Puis le combat final commence. Pour vous dire à quel point c'est raté : même l'action est chiante. Parce que d'une part ça se passe au fond de l'eau. Erreur de débutant : il n'y a plus aucun rapport d'échelle pour donner une impression de gigantisme. On repassera pour le spectaculaire... Parce que d'autre part, les lois de la physique sont complètement fist-fuckées : les sons se propagent sans problème, les gestes ne sont pas ralentis par la pression...Un pur cauchemar de scientifique niveau bac S. Et puis enfin parce que tout se passe comme dans tous les films un peu mal écrits depuis 30 ans : le major se fait exploser pour tuer deux gros monstres, mais ce n'est pas grave puisque de toute façon il était très malade. Puis le héros déclenche le compte à rebours de la bombe, mais crotte ! Un mécanisme se bloque et il doit descendre dans la faille se sacrifier avec son robot. (faille qui en passant coupe tous les signaux de transmissions, et puis finalement...ne les coupe plus...) Heureusement, il peut expulser sa copine via la capsule de survie numéro 1, et lui-même dans la numéro 2, juste quand le compte à rebours arrive près de zéro ! OUF ! J'ai eu trop peur ! En tout cas, c'était assez original cette séquence de compte à rebours, ça décoiffe !

 

Voilà, les deux héros font maintenant surface dans l'océan. Il reste deux minutes de film. C'est énorme, deux minutes, on peut en mettre, des conneries, on ne réalise pas...C'est donc reparti : la fille plonge rejoindre le héros dont elle est en fait amoureuse. Cette grosse gourde y va avec sa combinaison toute en métal qui doit peser cinquante kilos : elle va se noyer, ce n'est pas possible...Ça aurait été assez drôle, mais j'oubliais juste que la physique n'existait pas dans ce film. Elle le rejoint donc, ils se font une sorte de bisou, et puis le chien de la base fait woufwouf parce qu'il est bien content. Grosso modo, cette scène là.

 

Pour résumer, voici un petit dessin sur lequel il faut cliquer :

pacifi-rim

 

Bonus WTF

Voici un moment du film que j'ai particulièrement apprécié.

Le gros robot se bat depuis deux heures contre un monstre dans la ville. Il a du mal, ça se voit bien : les destructions sont dantesques, c'est l'apocalypse dans les rues, il doit y avoir au moins cent mille morts...Bref, c'est le caca intégral, d'ailleurs le héros le dit tel quel :

(Je vous fait le dialogue dans le cockpit du robot)

- Makoto ! C'est le caca intégral.

- Oui...

- Franchement, avoue : on a trop perdu là...

- C'est vrai mais...OH ATTENDS! Et si on essayait notre arme secrète qui est en fait une épée de deux cents tonnes accrochée à notre dos qu'on se trimballe depuis le début du film ?

- Eh...Mais...Carrément ! Sors l'engin !

Et donc là, pouf pouf : forcément en deux secondes ils niquent le monstre avec leur super épée.

(Retour dans le cockpit)

- J'y pense, Makoto : on aurait pu la sortir dès le début notre épée, non ? On aurait pu éviter tous ces morts et ces destructions d'immeubles, sans compter le décès malheureux de nos collègues moins forts que nous...

- ...Hein ? Ah oui, oui...C'est vrai...Mais on serait passé à côté d'un vrai gros moment épique raté très artificiel, ça aurait été dommage non ?

- Hi hi, oui tu as raison, allez viens on rentre dans notre base secrète.

 

La question à cent millions d'euros est donc la suivante : combien a touché le scénariste de ce film pour plagier Independance Day (qui ne brillait déjà pas pour son scénario) et pour pondre un truc aussi con ? Si c'est plus que le smic, c'est franchement du vol.

  

 

 

 

 

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